Un peu après la bataille mais sujet essentiel
A suivre !
Un bon article pour comprendre ce que le numérique fait au féminisme, et vice versa.
Sa conclusion :
L’empowerment numérique des femmes comporte donc des limites. En effet, le web comme nouvel espace public n’est pas un espace clos : il est étroitement articulé au monde réel, aujourd’hui fracturé par de multiples tensions politiques, économiques et sociales qui infiltrent le débat sur l’égalité entre les genres. Ceci me rappelle les propos que Simone de Beauvoir adressait aux jeunes féministes des années 1970 : « N’oubliez jamais qu’il suffira d’une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question. Ces droits ne sont jamais acquis. Vous devrez rester vigilantes votre vie durant. » Nous en sommes là !
Je rajoute également une citation de Spideralex, qui m'avait marqué :
"Manifester sur un réseau social c’est comme manifester dans un centre commercial. C’est possible, bien sûr, on peut visibiliser une lutte, mais on n’est pas en contrôle de l’espace dans lequel on est. On n’est pas chez soi, on est chez un autre. Il nous tolère, on ne sait pas comment il va réagir, quand et comment les vigiles vont intervenir, quand il faudra partir, qu’est-ce qu’il se passe avec les caméra qui surveillent les manifestants."
Internet a permis au mouvement féministe de se développer, mais il est aussi devenu l’espace où #metoo est le plus âprement combattu.
« si les opinions sexistes n’ont pas besoin du Web pour exister, elles profitent tout de même du fonctionnement des grandes plates-formes pour proliférer. La modération des réseaux sociaux, une tâche titanesque et souvent critiquée pour son inefficacité, est particulièrement mauvaise quand il s’agit de traiter les violences misogynes. Si les hommes comme les femmes peuvent faire l’objet d’attaques en ligne, ces dernières subissent beaucoup plus de violences en rapport avec leur genre ou leur sexualité : d’après une étude de l’institut américain Pew Research Center datant de 2021, 47 % des femmes ayant déclaré un fait de cyberharcèlement l’ont été à cause de leur genre, contre 18 % des hommes. »
La vigueur de l’antiféminisme et du masculinisme s’inscrit donc, de façon plus générale, dans le cadre du succès des idées conservatrices sur le Web. « C’est une idéologie d’extrême droite, à une époque où ces courants progressent un peu partout. Les discours contre le féminisme sont un outil pour attirer l’attention des plus jeunes », relève Florence Rochefort. « On ne se bat pas à armes égales, parce qu’on est sur Internet, mais surtout parce qu’on vit dans une société patriarcale et qu’on remet en cause le pouvoir établi, conclut Ketsia Mutombo, cofondatrice du collectif Féministes contre le cyberharcèlement. Le féminisme, c’est encore subversif. »