Pour que les pires dystopies et ambiances cyberpunk ne deviennent pas une réalité, l’écologie doit se placer au cœur de la high-tech. Le green-washing, à base de coques recyclées sur des appareils enfermant du mercure, du plomb, du cadmium et autres substances que l’on vous déconseille de déguster à la paille, risque de ne pas suffire. Mais alors, que faire ? Nous en avons discuté avec Claire Lemarchand, directrice chez Ecosystem.eco.
Bon à savoir. Même s'il faut soutenir Proton et continuer de les suivre car ils proposent une véritable alternative au capitalisme de surveillance...
Avec l’illustrateur Eric, alias Cirebox, nous avons été chargé de proposer la synthèse de l’édition #19. Pendant deux jours, nous avons ainsi pu doubler notre capacité d’écoute, croiser nos regards et produire une synthèse dessinée, la première de Ludovia. En voici les sous-titres.
À l'instant où vous mettez, dans les mains de votre enfant, un appareil connecté à internet, vous acceptez de fait qu’il ou elle ait accès à l'immense diversité de contenus accessibles en ligne. Or, sur Internet, il y a vraiment de tout : de quoi devenir aussi fort en physique qu’Einstein, aussi cultivé que Jamy ou aussi calé en géographie que Sylvain Tesson*. Pourtant votre enfant s'acharne a regarder des trucs qui vous sont insupportables. Voici quelques conseils pour vous aider à faire la part des choses !
Il est urgent de penser un numérique sobre et de garantir une alternative humaine au numérique pour tous les services publics, plaident, dans une tribune au « Monde », dix représentants des collectivités territoriales membres du collectif Belle Alliance.
Pas d'accord avec tout dans cet article, mais je partage, car il va quand même dans le bon sens, même s'il n'interroge pas encore sérieusement le pourquoi du numérique.
Morceaux choisis :
« Si l’on résume, nous avons d’un côté un marché au bord de la rupture (permacrise, pénuries, inflation, incertitudes…) et de l’autre, un secteur des NTIC qui affiche un optimisme inébranlable. Comment expliquer ce déphasage ? Je pense ne pas me tromper en disant que c’est tout simplement inhérent à ce secteur qui a dès le début été configuré et structuré autour de l’hypercroissance. De plus, le nombre astronomique de smartphones vendus en 15 ans (plus de 15 milliards) nourrit les ambitions de géants numériques dont les actionnaires exigent toujours plus de dividendes. »
=> Il y a un dogme, une religion de l'innovation, du numérique, des startups. Ce dogme s'effrite, mais il est diablement tenace !
« Peut-être est-il temps de ralentir cette fuite en avant et de s’aligner sur les préoccupations du moment : adopter une attitude plus responsable dans nos attentes et usages numériques. »
=> Oui :)
« Pour faire simple : nous entrons maintenant dans une phase critique de l’humanité où notre priorité est de trouver le juste équilibre pour créer de la valeur tout en cherchant à limiter l’impact. Une croissance durable qui s’applique tout à fait aux outils et usages numériques. »
=> Cette histoire de "croissance durable convainc de moins en moins d'experts...
Notes :
- La tablette, et particulièrement l'iPad, n'est PAS un outil numérique émancipateur. Voir mon article sur Apple et la convivialité par ex. En plus ici il sera encore davantage bridé (sic) : « Impossibilité de l’allumer après 20 heures, impossibilité de télécharger des applications, impossibilité d’accéder à la plupart des sites…». Misère...
- D'ailleurs, aucun des "usages" déclinés comme exemples dans l'article ne sont d'ordre émancipateurs. On est de l'ordre administratif (voir ses notes), de la consommation (Regarder du contenu multimédia), de l'usage basique (Projeter au tableau un devoir). L'École peut et doit faire mieux que ça. Cf mon article Éduquer au numérique d’accord. Mais pas n’importe lequel et pas n’importe comment – Partie 2 : l’enseignement scolaire
- "Selon plusieurs études, l’utilisation d’outils numériques dans un cadre scolaire améliore les résultats des élèves". Ici les études citées sont celles... d'Apple. LOL. Plus sérieusement, relire André Tricot et Justin Reich.
- Sur la capacité des équipements à réduire la ou les fractures numériques, il faut également revenir aux récents travaux en la matière, qui démontrent que les fractures numériques d'aujourd'hui, s'il faut les appeler ainsi (ce sont surtout des fractures sociales, linguistiques, scolaires, économiques), sont de l'ordre des usages, très peu de l'équipement. Croire qu'on va résoudre le problème avec des tablettes est à côté de la plaque. Un dernier lien, ma tribune de 2020 (déjà) : « Le solutionnisme numérique ne sauvera pas l’école ».
- On en parle de l'impact environnemental et humain de tout ça ? Ah bah non. Pourtant Ludovia cette année c'était sobriété et éthique...
- AH et aussi : une tablette par collégien, la Corrèze l'a tenté il y a longtemps (coucou François Hollande), ça n'a pas trop marché…
Enseigner l'activité de publication et en faire le pivot de l'apprentissage de l'ensemble des savoirs et des connaissances. Avec la même importance et le même soin que l'on prend, dès le cours préparatoire, à enseigner la lecture et l'écriture. Apprendre à renseigner et à documenter l’activité de publication dans son contexte, dans différents environnements. Comprendre enfin que l'impossibilité de maîtriser un "savoir publier", sera demain un obstacle et une inégalité aussi clivante que l'est aujourd'hui celle de la non-maîtrise de la lecture et de l'écriture, un nouvel analphabétisme numérique hélas déjà observable. Cet enjeu est essentiel pour que chaque individu puisse trouver sa place dans le monde mouvant du numérique, mais il concerne également notre devenir collectif, car comme le rappelait Bernard Stiegler : "la démocratie est toujours liée à un processus de publication – c’est à dire de rendu public – qui rend possible un espace public : alphabet, imprimerie, audiovisuel, numérique."
Toujours un plaisir de lire les aventures numériques de Ploum. Ici, la suppression de compte, où nos approches sont assez similaires.
We can no longer ignore the role of Big Tech in entrenching global inequality. To curtail the forces of digital capitalism, we need an ecosocialist Digital Tech Deal.
« Nous ne savons pas résister à la tentation technologique » constatait un ancien président de la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL). De fait, ce qu’il est advenu de certains guichets qui ont purement et simplement disparu, démarches dématérialisées obligent, ou qui ne sont plus accessibles qu’après des rendez-vous pris en ligne, en dit long sur la disparition du contact humain qui a cours dans les relations entre les usagers et l’administration. Et lorsque des initiatives au niveau local telles que les maisons France services (MFS) semblent réussir à pallier cette carence, à instaurer un climat de confiance avec les citoyens, elles sont menacées d’être submergées par ce succès et/ou le manque de moyens, l’État les utilisant systématiquement comme palliatif à ses dysfonctionnements et autres dérapages numériques.
« Ceux qui élaborent les lois, ceux qui développent les outils numériques agissent selon ce que Roland Barthes appelait un « anthropomorphisme de classe » fondé sur une mythologie qui conduit à une impuissance à imaginer l’autre. Aujourd’hui ce mythe du numérique contemporain, cette « mise en pilotage automatique des affaires humaines », selon Alain Supiot, amène à ignorer les difficultés d’acculturation au numérique de millions d’usagers, à exclure les notions de proximité et de confiance dans les relations usagers-administration, à étendre le phénomène du non-recours aux droits sociaux, la complexité des procédures finissant par décourager certains citoyens, à susciter des comportements délictueux (cas des cartes grises), à frustrer des agents qui ne peuvent plus effectuer leur travail correctement, ou encore à alimenter des comportements de violence aux guichets : « Ceux qui se sont heurtés à une série de murs numériques ou téléphoniques ont un niveau élevé d’exaspération, de colère, qui retombe sur les derniers agents encore présents aux guichets, ce qui a pour effet de les fragiliser », observe Daniel Agacinski. »
« Les MFS assurent bien un accueil physique, mais il s’agit d’un service à caractère généraliste, d’un accompagnement de premier niveau. L’État instaure ainsi une forme de délégation de responsabilité alors qu’il revient précisément aux différents services publics d’organiser eux-mêmes leur accessibilité pour tous les usagers », pointe Daniel Agacinski. Ces lieux de proximité s’attachent avant tout à tenter de redonner à l’accueil un caractère humain, à être un espace d’écoute, de prise en charge des demandes et également d’interconnexion avec les partenaires à savoir les différentes administrations qui assurent des permanences au sein des maisons tels que les impôts, la CAF, la Caisse primaire d’assurance maladie (CPAM), Pôle emploi, etc., car les animateur·rices France services ne sont pas des expert·es des différents domaines administratifs et orientent, en cas de nécessité, vers lesdits partenaires. »
Depuis ses débuts, Internet est l’objet d’une construction collective par des acteurs qui revendiquent son ouverture. Pour ces tenants des « communs numériques », le cadre juridique et les régulations d'internet sont insuffisantes et ne permettent pas de garantir « un Internet diversifié, non monopolistique et non privatisé ». Ils alertent l'Union Européenne : « Nous ne pouvons pas accepter de définir l'espace numérique comme un lieu où seules les dynamiques du capital et de la privatisation règnent ».
Des agriculteurs craignent la dépendance croissante que la numérisation de leur secteur induit à l'égard de l'industrie.
"Notre article porte sur le projet Ambassadeurs du numérique à Paris, qui fait partie de Humane (« Humanités numériques, entre recherche et éducation »), l’un des groupes thématiques numériques (GTnum) financés par le ministère de l’Éducation nationale. Ce dispositif consiste, pour des étudiants en deuxième année du master Métiers de l’enseignement, de l’éducation et de la formation (MEEF), à renforcer leur formation au numérique, par le numérique, et à développer des pratiques raisonnées dans leurs classes. La mise en œuvre d’ateliers avec ces étudiants nous a permis d’analyser la façon dont ils s’emparent du numérique et de mener une réflexion sur la place du numérique dans la construction de leur identité professionnelle en développement."
La transition écologique et la transition numérique ont donné naissance à un nouvel enjeu sociétal : la sobriété numérique. C’est une problématique au croisement des humanités numériques et des sciences de l’environnement, qui consiste à comprendre nos impacts technologiques sur l’environnement et à les modérer. De fait, l’empreinte numérique est aujourd’hui de 4 % et ce pourcentage aura doublé en 2023. L’ambition de cet article est que l’enseignement obligatoire et supérieur s’empare de cette tension pour initier une éducation à la sobriété numérique. Par Sarah Descamps, Gaëtan Temperman et Bruno De Lièvre, « Vers une éducation à la sobriété numérique », Humanités numériques
« Les dernières années ont été secouées par des mouvements sociaux d’ampleur comme les « Gilets jaunes » et traversées par des mutations, des adaptations brutales de l’environnement social notamment occasionnées par la pandémie de la Covid-19. Les interrogations quant aux impacts sociaux de ces crises ont souligné la nécessité de compléter la palette des instruments d’analyse par des approches susceptibles de saisir l’évolution de la société y compris dans ses aspects les moins visibles et en même temps de raccourcir les délais entre le déroulement des événements et leur enregistrement par un appareil de mesure. En complémentarité des analyses quantifiées qui rendent compte des conditions matérielles d’existence, il apparaît indispensable d’ouvrir « la boîte noire des attentes, des colères et des peurs » qui traversent la société pour être mieux à même d’anticiper ses évolutions, de capter les « signaux faibles », le plus possible en temps réel ».
Le proverbe veut qu’on ne doive pas « nourrir les trolls », mais il serait bon de ne pas tenter non plus de se moquer d’eux. Dans ce nouveau numéro de la newsletter #Règle30 de Numerama, la journaliste Lucie Ronfaut s’interroge sur les limites de l’indignation en ligne.
A lire l’enquête sociologique de Camille Dupuy et François Sarfati (@GouvPar_lemploi), Gouverner par l’emploi, une histoire de l’école 42, je suis resté un peu sur ma faim, notamment du fait du manque de quelques perspectives chiffrées (sur les profils d’entrée à l’école comme sur les sorties). L’étude est pourtant riche, référencée, apporte des perspectives, mais n’apprend pas grand chose à qui connait déjà un peu le fonctionnement des écoles du numérique.