Les Français et l'intelligence artificielle
IA, IA génératives : des Français intéressés, mais qui ne sont pas prêts à leur laisser piloter un avion ou prescrire un médicament
Comment les Françaises et les Français perçoivent-ils le sujet de l’IA - focus 2024 du Baromètre de l’esprit critique - et notamment celui des applications des IA génératives, omniprésentes dans l’actualité depuis l’émergence de ChatGPT ?
Si 61% des sondés y voient une révolution technologique majeure du niveau de celle de l’imprimerie (plus de 70% pour les moins de 34 ans), ils sont plus nombreux, respectivement 85% et 77%, à penser nécessaire sa réglementation et à affirmer qu’elle pose de nouvelles questions éthiques et juridiques. Concernant les possibilités de ces technologies, 68% répondent que les applications de l’IA ne peuvent pas prendre de décisions autonomes, 59% qu’elles ne sont ni créatives ni innovantes (car assemblant des contenus déjà existants) et seuls 19% les croient parfaitement fiables (une large majorité - 69% - affirmant le contraire). Quant à savoir si elles sont « plus neutres que les humains », le panel est plus divisé : 42% répondent par l’affirmative, 38% le contraire et une proportion importante (20%) ne se prononce pas.
Interrogés sur les effets du développement de l’IA sur différents secteurs, les répondants font preuve d’une perception nuancée, la réponse « autant de risques que d’avantages » arrivant presque systématiquement en tête. C’est en revanche la perception du risque qui domine pour le domaine des relations humaines (37%, contre 31% « autant de risques que d’avantages » et 10% « essentiellement des avantages »), et qui ressort également fortement pour l’information (33%) et pour l’emploi (31%), même si 34% des répondants voient également « autant de risques que d’avantages » pour ces deux domaines. Inversement, c’est pour la santé (29%), la recherche et les sciences (28%) et les transports (26%) que le taux de répondants prévoyant essentiellement des avantages est le plus élevé - même si sur tous ces sujets, c’est encore la vision nuancée qui prédomine (« autant de risques que d’avantages » à respectivement 35, 36 et 33%).
De manière générale, les CSP+ sont plus nombreuses que les CSP- à voir essentiellement des avantages à ces applications de l’IA. Par ailleurs l’enquête souligne la spécificité des 18-24 ans pour lesquels, à la différence de la population générale, la perception des avantages de l’IA l’emporte fréquemment plus nettement. Concernant par exemple les transports et la mobilité, 40% des 18-24 ans considèrent que le développement de l’IA présentera essentiellement des avantages, 20% autant de risques que d’avantages, et 19% essentiellement des risques.
Questionnés sur les types de tâches que peut prendre en charge l’IA, les répondants se fient majoritairement à elle pour détecter des erreurs (75%), analyser de grandes quantités de données (73%), trouver des informations (70%) ou même écrire un texte (64%) ; en revanche, la défiance domine quand la question de responsabilité entre en jeu, qu’il s’agisse de rendre des décisions de justice (25% de confiance), de piloter un avion (28%) ou une voiture (34%), ou encore de prescrire des médicaments (33%) ou de réaliser un diagnostic médical (41% de confiance).
À qui faire confiance pour évaluer les risques et les bénéfices de cette nouvelle technologie ?
Dans la continuité des questions similaires posées les années précédentes (en 2023 sur le changement climatique, en 2022 sur le Covid-19), le panel plébiscite d’abord les scientifiques (68%), les musées et centres de culture scientifique (59%) et les journalistes scientifiques (56%). En revanche, la méfiance prédomine envers les entreprises et notamment les entreprises du numérique type GAFAM (34 et 29% de confiance), de même qu’envers les élus et représentants politiques (22%).